À l'occasion du 120ème anniversaire de la naissance de Jacques Prévert et dans le cadre du Printemps des Poètes, la Maison Jacques Prévert a organisé une rencontre avec Christine Collard, l’auteure de L’Ange de Prévert à tombeau ouvert le 8 mars dernier.
C’est dans cette même salle, d’où tout est parti, qu'a eu lieu cette rencontre. En effet, lors d’une visite de la Maison, Christine Collard avait repèré un ange en stuc accroché au plafond. Dès lors, elle l'avait imaginé se détacher et vagabonder à travers le paysage normand.
Christian Auriach, son éditeur, et moi-même avons été heureux d’assister à cette rencontre avec la première auteure des éditions Scenent.
Au plaisir de vous y retrouver un de ces quatre !
Emilie
Lieu : Maison Jacques Prévert
3 Hameau du Val
50440 Omonville-la-Petite
Téléphone : 02 33 52 72 38
courriel : musee.omonville@manche.fr
Site de la Maison Jacques Prévert : https://www.musees-normandie.fr/musees-normandie/maison-jacques-prevert
Impressions de l'éditeur : L'endroit est émouvant. A l'arrivée, on laisse son véhicule au village, en face du cimetière ou Prévert est enterré, et on grimpe un raidillon digne des meilleurs cols du tour de France pour rejoindre le repaire du maître. Les handicapés en chaise roulante restent les bienvenus à condition d'être accompagnés d'amis robustes ou d'avoir du biceps et du triceps à revendre. Le ciel est gris, on se dit que l'on visitera la tombe au retour, histoire de tenter une chronologie. Une fois parvenu au sommet, les fameux gunerras nous accueillent. Selon la saison ils sont soit verts et exubérants comme on les imagine sur leur sol natal, loin là-bas au delà de l'océan, soit complètement déprimés, les feuilles tombantes à la façon d'oreilles de cocker. Ils ont quelque-chose d'iconoclaste, de comique même, et nous font pénétrer dans la fantaisie de Prévert de la meilleure des manières. En traversant le jardin pour accéder à la porte d'entrée, on se sent observés par ces gardiens biologiques de la mémoire du poète, lequel nous parait alors presque vivant, communiquant par d'imperceptibles vibrations avec ses visiteurs. Où est-ce un effet du petit vent normand ? Sur le seuil de la maison, nous sommes déjà mûrs, le sas des gunerras ayant forgé dans notre esprit l'image d'un Prévert amusé et amuseur, prêt à en découdre avec la morosité du monde.
A l'intérieur, des passionnés passionnants nous accueillent. Leur chaleur crée une nouvelle fois ce contraste bien connu entre la rigueur d'un climat et le tempérament joyeux de ceux qui le subissent. Du bois, des livres, une succession de petites pièces qui mènent enfin au Graal, l'atelier du premier étage et sa clarté irréelle. Contrairement au reste de la maison, cet espace est vaste et lumineux. On comprend aisément que le poète y ait passé le plus clair de son temps. "Le plus clair de mon temps". On improvise quelques vers dans sa tête, puis on se ravise, intimidé par l'aura de notre hôte. Nous sommes là pour contempler, écouter, questionner, peut-être créer aussi après tout. Des kits créatifs sont disposés sur des tables à l'intention des enfants, mais aussi des grands s'ils le souhaitent.
Christine Collard prend place sur le canapé trônant au milieu de la salle. On dirait qu'elle a toujours fait ça. Elle répond aux questions avec aisance, brio et naturel. Ses auditeurs veulent savoir comment une écrivaine traverse des temps troublés. On sent qu'ils cherchent une réponse pour eux-mêmes, pour leur propre vie, qu'ils veulent s'armer pour affronter leurs propres difficultés. Le ton de Christine est rassurant, elle nous ramène à l'art, à sa fonction, à son pouvoir inspirant. Les visages se détendent, tous applaudissent. C'est fini. On voudrait que ça recommence.
Chris
Inked by Scenent 被場景繪製 Bèi chǎngjǐng huìzhì
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