Les investisseurs spécialisés sur le segment des startups cherchent comme les autres du rendement, de préférence probable, rapide et ne nuisant pas à l'environnement. Las, peu de lignes de leurs portefeuilles répondent à ces attentes. En particulier, l'appréciation de la probabilité de ce rendement est le plus souvent bâclée, basée sur des méthodes de valorisation comparatives qui ne seraient valables que si suffisamment d'entreprises se ressemblaient vraiment (au même stade de développement, dans des écosystèmes comparables ...). Pour éviter un tel désagrément, retrouvons les vertus d'une stratégie de différenciation à travers un exemple de startup prometteuse du secteur de l'assurance.
Laurent Barbagli a créé Meetrisk il y a deux ans. Son objectif est simple comme de l'eau de roche : rendre l'assurance des risques industriels rentable. Son modèle est lui aussi limpide, en mode BtB au service des assureurs de risques industriels qui tous présentent des ratios combinés dégradés (l'indicateur clé de la rentabilité pour les assureurs). Le point de départ est chiffrable sans ambiguïté grâce à une foison de données disponibles à l'intérieur comme à l'extérieur des compagnies.
Meetrisk fait appel à des algorithmes d'analyse de grandes quantités de données pour améliorer la performance du processus de souscription. Elle n'est pas la seule. Son originalité réside dans la clarté du ciblage et dans la mobilisation d'experts métier d'abord, de technologues* ensuite. La qualification du problème à résoudre en est grandement simplifiée. Et quand la question est bien posée, la réponse devient nettement plus facile à apporter.
Plus généralement, les assurtechs sont de vrais cas d'école en matière de stratégie. Elles se différencient en créant de nouveaux marchés grâce à l'exploitation de données difficiles à manier par les acteurs traditionnels, elles ont des perspectives de valorisation claires grâce à un impact sur la performance de leurs clients aisément modélisable (cf Meetrisk), enfin elles optimisent la chaîne de valeur de l'assurance en proposant des externalisations vertueuses. L'optimisation des processus est leur leitmotiv.
Alors où va l'industrie de l'assurance ? Gageons que d'ici quelques années elle partagera à grande échelle des indices et des algorithmes d'évaluation de plus en plus précis pour chaque segment de risque, fournis par des acteurs de plus en plus spécialisés et capables d'automatiser non seulement l'analyse d'un dossier en phase de souscription, mais aussi la gestion des sinistres ou la gestion tout court. Certains, les leaders, utiliseront ces capacités pour leurs besoins propres mais aussi pour fournir des services externalisés à leurs concurrents. Alan ou Lemonade préfigurent ce type d'acteurs, à moins que des géants tels qu'Allianz ou Axa parviennent au même résultat en révolutionnant leurs pratiques en interne. L'ère de la coopétition bat déjà son plein.
* et pas des moindres, puisqu'elle collabore avec le laboratoire d'IA de Polytechnique.
Inked by Scenent 被場景繪製 Bèi chǎngjǐng huìzhì
Comments