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Chris

Aider et prendre du recul

Dernière mise à jour : 9 mai 2022

En ces temps troublés, le réflexe que nous sommes nombreux à partager est d'apporter notre aide dans l'urgence, comme nous le pouvons, là où nous nous trouvons. Trouvons aussi le temps de nous poser, même deux petites minutes dans la journée, pour penser à l'avenir.


Il peut s'agir de cette infirmière harassée qui lève les yeux vers les nuages à travers la fenêtre de la chambre d'un patient, de cet entrepreneur à qui un client vient d'annoncer la dénonciation d'un contrat, d'un patient gravement atteint qui veut vivre, d'un élu submergé par les sollicitations, d'une famille éprouvée, de ce même entrepreneur qui doit rassurer son équipe à distance. Que se disent-ils lorsqu'ils essaient de penser à l'après ? Ils se disent que ça va être long, que plus rien ne sera comme avant, que c'est le moment de changer en profondeur. Les plus optimistes observent que chaque risque est aussi une opportunité, à condition de le gérer en amont. Or nous sommes en amont d'autres crises, impossibles à prédire, mais dont on peut atténuer les effets.

La première - et la plus structurante - de toutes les stratégies à embrasser est l'exigence de lucidité. Pourquoi ce qui arrive arrive? Quelle est la véritable cause de tout cela. Barak Obama, dans un récent tweet, fait le lien entre réchauffement climatique et l'apparition de pandémies. Donald Trump commence par accuser les chinois, puis les européens, bref, cherche un coupable. Et nous, que devons-nous penser, par nous-mêmes ? Une véritable stratégie de différenciation ne peut émerger que si cette question a trouvé sa réponse.

Pour ma part, je m'intéresse plus à la cause de l'impact de la pandémie qu'à la cause de la pandémie elle-même. Car l'impact peut-être géré, pas l'apparition du virus. Or la gravité de l'impact, majeur dans beaucoup de pays dits développés, est selon moi corrélée aux moyens dont disposent ces pays pour réagir. Un pays dont les finances sont au plus bas, toutes choses étant égales par ailleurs, n'est pas ou peu gouvernable en temps de crise. La Corée du Sud et l'Australie par exemple nous font la démonstration, au contraire, de leur maîtrise de la mortalité dans des limites hors de proportion avec le peloton de leurs suiveurs (ce peloton est constitué des pays qui mesurent cette mortalité de façon à peu près fiable et transparente, et exclut les pays "opaques"). Cela ne veut pas dire que ces deux pays sont exemplaires à tout point de vue, ni qu'ils n'ont pas dans leur histoire connu la même ingouvernabilité que d'autres lors de crises majeures, mais là et maintenant, ils gèrent.

Alors finissons-en avec la fatalité du surendettement. Comprenons que cette plaie est la cause de plaies toujours plus graves. Michel Pébereau, un sage doublé d'un entrepreneur hors pair, à la fois stratège et homme de terrain, tire cette sonnette d'alarme depuis des décennies. L'entendrons-nous enfin ? Ou alors, endettons-nous pour investir dans du solide, du durable, dans la définition et l'exécution de notre stratégie de différenciation, pas pour fonctionner à moitié ou financer des opérations "pompier" qui fabriquent des héros, certes, mais qui nous laissent à la merci d'un grain de sable plus costaud que les autres.

Bien sûr l'état français va devoir faire face à des urgences après la crise autant que pendant. Mais je souhaite qu'il n'oublie pas, en même temps, de préserver un véritable effort d'investissement au sens noble du terme, comme il le faisait jusqu'ici. Il en va de même de l'entreprise. Pourquoi investir, comment le faire, avec qui et selon quelle logique, à quel niveau, autant de questions insuffisamment traitées et considérées par le passé.

Quand nous parlons à nos clients et contacts au téléphone ou en visioconférence en ce moment, nous sommes heureux de constater qu'au delà de la nécessaire sécurité à court terme qu'ils doivent assurer pour leurs collaborateurs, clients et partenaires, ils restent mobilisés pour construire et entretenir leur différence. Une entreprise est faite non pas pour gagner de l'argent, mais pour bien l'employer, ce qui suppose certes d'en gagner, mais ce n'est pas une fin en soi, c'est un moyen.




Lire aussi l'article Empathie, mais encore ?


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