RUGBY : LE SPORT SOLIDAIRE PAR EXCELLENCE
Les rugbymen sont réputés avoir l’esprit d’équipe. C’est un euphémisme. Ce comportement, si utile dans l’entreprise, est plus acquis qu’inné. Ainsi, la fédération Française de Rugby promeut une méthode d’apprentissage bien à elle, facteur clé de la transformation de jeunes joueurs aux natures et aux comportements divers en joueurs confirmés partageant un esprit d’équipe reconnu (FFR). Elle s’applique aussi bien aux filles qu’aux garçons.
La dimension affective
Au Rugby, le premier travail consiste à vaincre ses craintes et son ego. En effet, un jeune joueur craint instinctivement le sol, l’adversaire et le contact. Il est aussi très fier de lui : il veut garder le ballon le plus longtemps possible, veut marquer tout seul, etc …Autant de comportements que nous avons tous observé (chez nous-mêmes ou d’autres) dans l’entreprise. Par exemple, deux commerciaux d’une même équipe se considèrent comme rivaux : « l’autre n’est là que pour voler le ballon et marquer à ma place. J’évite donc le contact, j’évolue dans les espaces libres même si ce ne sont pas forcément les plus stratégiques pour mon entreprise. Je me défends et m’approprie le ballon ». Sur le terrain et dans l’entreprise, une autorité est nécessaire pour apprendre à corriger ce travers ; encore faut-il que le système d’incitation à la performance, individuelle et collective, soit bien calibré, en phase avec le comportement cible souhaité.
La dimension coopérative
Dans l’entreprise comme sur le terrain de Rugby, l’acte soit-disant coopératif le plus évident, véritable réflexe naturel, consiste à passer le ballon à son équipier (surtout si ça chauffe). Mais cette passe « instinctive » intervient le plus souvent lorsque le porteur de balle n’arrive plus à avancer, donc trop tard. Dans les écoles de Rugby, on apprend à coopérer à un objectif commun qui est : « faire avancer le ballon ». Ceci passe bien plus par le soutien d’un coéquipier en difficulté pour repousser un adversaire que par la passe (qui soit dit en passant se fait vers l’arrière, allégorie puissante s’il en est du recul que représente dans l’entreprise la transmission d’un dossier boiteux à un collègue pour s’en débarrasser). Le concept de passe (« acquise », et non « instinctive ») reste bien sûr vertueux, à condition de savoir analyser une situation et de décider rationnellement « quand », « comment », « pourquoi » et « à qui » on la fait. L’entreprise gagne à définir et à communiquer l’équivalent stratégique du « faire avancer le ballon » et à en déduire les comportements correspondant à cet objectif.
La construction du jeu
Une fois les dimensions affectives et coopératives maîtrisées, les joueurs sont déjà des équipiers redoutables. Ils deviennent redoutés lorsqu’en plus ils connaissent leur rôle et son articulation avec ceux de leurs voisins sur le terrain. Le respect de la notion de « sens de jeu », des séquences de « temps de jeu » et des usages de « formes de jeu » leur permettent de s’adapter à l’opposition. A ce stade, les joueurs savent analyser leur position et la position du ballon pour prendre des décisions étayées. En progressant, ils peuvent créer, innover, sans avoir à réfléchir aux bases de la construction du jeu, aussi solides que des règles. Dans l’entreprise, les collaborateurs évoluent aussi dans l’espace laissé libre par des règles de fonctionnement, incluant la définition de leurs rôles. Lorsque ces règles deviennent obsolètes, inadaptées, non observées car non applicables, illégitimes ou pire, non reliées à un objectif clair d’entreprise, elles accaparent l’esprit au point d’entraver l’innovation et d’abaisser le niveau général de performance. Dans le cas contraire, elles libèrent une énergie créatrice bienvenue dans ces temps difficiles.
Tactique et stratégie
Avant un match de Rugby, une équipe analyse les forces et faiblesses de l’adversaire ; elle prépare à l’avance des combinaisons et des phases de jeu adaptés au futur combat. Les joueurs se déplacent pour créer des espaces libres et des points faibles que leurs coéquipiers peuvent exploiter. Dans le monde de l’entreprise, la connaissance des concurrents est une nécessité ; avec la connaissance de ses clients, c’est un des plus forts ressorts de l’innovation gagnante.
Mot de la fin
L’entreprise sait-elle être aussi élégante que le joueur de Rugby saluant sincèrement le courage d’un adversaire vaincu, ou sachant respecter le mérite d’un vainqueur ? Plus souvent qu’on ne le croit, mais pas assez encore.
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